La communaut� fran�aise

 Les Fran�ais

Par accord sign� en 1534 entre Fran�ois 1er et Soliman le Magnifique, les Fran�ais b�n�ficiaient en Tunisie du r�gime des " Capitulations " (moins avantageux que celui du " Millet "), autorisant la cr�ation de comptoirs marchands organis�s en " Nations ". 
Le premier consul de France fut nomm� � Tunis en 1577, faisant office de repr�sentant du pouvoir royal et de responsable de la " Nation " fran�aise.

Les premiers fran�ais install�s � demeure dans la ville firent commerce d'huile et log�rent au fondouk, sorte d'auberge sans cuisine. Pr�sents depuis plusieurs g�n�rations, la nourrice de leurs enfants est arabe, italienne ou maltaise.
Mais, ils sont tr�s peu nombreux, en 1880 � la veille de l'entr�e des troupes fran�aises dans la ville, on ne compte � Sousse que 91 fran�ais et se sont principalement des hommes.
Travaillant pour la mission t�l�graphique ou la ligne de chemin de fer Bone-Guelma, les autres fran�ais pr�sents � Sousse ne comptent pas y rester et ne sont l� que pour assurer leurs travaux.

Apr�s la mise en place du Protectorat, le nombre de fran�ais pr�sents augmenta rapidement. Il est vrai que les statistiques tenaient bien s�r compte du personnel militaire important pr�sent dans les camps install�s en p�riph�rie de la ville.

Les nouveaux arrivants commenc�rent � construire autour de la ville des demeures confortables � l'architecture hybride (mauresque et europ�enne) et des "campagnes", belles villas dans la campagne soussienne. 

l�article 1 du d�cret du 8 novembre 1921 stipulant que " est fran�ais tout individu, n� dans la R�gence de Tunisie, de parents dont l�un, justiciable au titre d��tranger des tribunaux fran�ais du Protectorat, est n� lui-m�me dans la R�gence ", et la loi du 20 d�cembre 1923 qui suivit, entra�n�rent l'augmentation du nombre des fran�ais dans la ville.

Mais on continuait � distinguer deux sortes de Fran�ais :

1) ceux n�s en Tunisie de souche ancienne, qu�ils aient eu la nationalit� fran�aise par filiation, ou qu�ils l�aient obtenue par naturalisation : ce fut par exemple le cas des Maltais (initialement sujets britanniques) qui, par d�cret du 8 novembre 1921, devinrent fran�ais ainsi que leurs enfants, n�s ou � na�tre en Tunisie ; puis des Grecs et de quelques Italiens, suite � la loi du 20 d�cembre 1923 ; et enfin de la grande majorit� des Italiens au terme de la Seconde Guerre mondiale. Tous �taient initi�s aux us et coutumes locaux.

Des fran�ais d'origine maltaise visitent une oliveraie.
(Coll. Ch. Attard)

2) les Fran�ais de France (ou franquaouis comme les appelaient les premiers) qui arrivaient de leur France natale. Ceux de la premi�re cat�gorie, les trouvant tr�s imbus de leur science, pensaient qu�il �tait de leur devoir de leur ouvrir les yeux aux subtilit�s du microcosme soussien pour qu�ils soient estim�s dignes de vivre au diapason des initi�s. 

Pour un couple, ou un c�libataire (fonctionnaire ou militaire) pouvant constituer un bon parti pour les filles � marier, cela se passait sans probl�mes majeurs. Mais il est arriv� que de jeunes enseignantes c�libataires venant de la M�tropole, aient eu un accueil peu chaleureux � cause du machisme ambiant, et de la jalousie des femmes qui en d�coulait. 

Dans ces franquaouis on trouvait beaucoup de fonctionnaires, dont des enseignants qui avaient trois mois de cong� l��t�. Tous, touchant le " tiers colonial " en plus de leur salaire, avaient le voyage vers la France, pay� une ann�e sur deux. Les mauvaises langues disaient, qu�� c�t� de leurs soucis professionnels, ils avaient celui li� � leur transport vers la M�tropole qui passait pour �tre primordial. C�est qu�il fallait s�y prendre longtemps � l�avance pour s�assurer d�une couchette sur le bateau, ou d�une place dans l�avion � partir de 1947.

On embarque pour passer ses vacances...en France !
(Coll. Ch. Attard)